Hey, Monsieur Lapin ! Si tu le permets, j'me tape l'incruste et j'me présente (a). Je m'appelle Heiko Matias Petersen mais mon p'tit surnom, c'est Heik'. J'ai 40 ans - ouai, je sais, je commence à me faire vieux - et je suis né le 12/11/1973 à Copenhague, Danemark. Actuellement, je suis marié mais on sait jamais c'que l'avenir nous réserve, ça pourrait changer. Je suis professeur de musicologie si tu veux tout savoir. Et je vis à Nuuk depuis bientôt 5 ans ; on s'est peut-être déjà croisés, qui sait ? Mes proches disent souvent de moi que je suis drôle, calme, sarcastique et séducteur. Tu pourras peut-être bientôt me dire s'ils sont dans le bon, ou non. Pour te vendre un peu d'rêve dans ta triste vie, j'vais te décrire mon corps d'Apollon (a) - eh ouai, j'suis un peu narcissique, aussi - : j'ai les yeux marrons et les cheveux bruns et mi-longs. Je mesure 1,78 m pour 75 kg. Ce que je préfère dans mon physique, c'est mon sourire mais de manière générale, je n'ai pas à me plaindre. Dans la rue, on me confond souvent avec Johnny Depp et j'appartiens aux bear. Voilà, je crois que c'est tout. À très bientôt, j'espère !

   

Davy est d'un naturel assez posé et calme, peu importe la situation dans laquelle il se trouve, ce qui peut lui donner un côté je-m'en-foutiste alors qu'il n'en est rien. ↬ Davy est assez observateur et a une mémoire d'éléphant en ce qui concerne les petits détails. Bien que réservé dans la vie, il s'épanouit complètement dans son métier. ↬ De prime abord, Davy peut paraître distant et froid mais il suffit d'échanger quelques mots avec lui pour comprendre qu'il peut se montrer sociable et loquace. ↬ Son humour est son principal atout en matière de séduction, tout comme son bagout. ↬ Depuis deux ou trois ans, son mariage bat de l'aile et il n'a presque plus aucun contact physique avec sa femme. ↬ Pour cette raison, il s'est mis à papillonner. Alors, chaque soir, après son travail, il traîne dans des bars pour oublier que son mariage est un échec complet dans les bras d'autres femmes. Dans ce domaine, il est incapable de s'imposer des limites.


   

COPENHAGUE, 2005.
Heiko était assis dans l'un des fauteuils du salon, zappant distraitement d'une chaîne à l'autre. Il posa enfin la télécommande lorsqu'il tomba sur un documentaire animalier sur la marmotte sauvage des sous bois.  Heiko but une gorgée de son café lorsqu'on frappa à la porte. Il releva la tête et mit plusieurs secondes avant de réaliser que quelqu'un attendait sur son pallier. Il se leva, sans se presser et jeta un coup d'oeil dans le judas. C'était l'une de ses voisines. Comment elle s'appelait déjà ? Isabelle ? En tout cas, c'était un prénom dans le genre. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien lui vouloir ? Surtout à une heure aussi tardive... Heiko ouvrit doucement la porte avec un brin de méfiance dans le regard. La jeune femme le fixa un moment sans mot dire, sans doute un peu mal à l'aise, puis elle se décida enfin à ouvrir la bouche.
- Bonsoir... Heiko, c'est ça ?
Heiko se contenta de hocher la tête.
- Hum... Je te dérange pas ? lui demanda-t-elle.
- Non, du tout. Qu'est-ce qui se passe..?
La jeune femme se mit à rire nerveusement en se dandinant sur place. Elle se mordit la lèvre inférieure, évitant Heiko du regard.
- Eh bien... Comment dire ? Mon appartement est inaccessible pour le moment et... Je sais qu'on ne se connait pas et que ça va sans doute te paraître complètement sans gêne mais... Tu penses que je pourrais dormir chez toi ce soir ?
Heiko la dévisagea un peu surpris, haussant les sourcils. En effet, c'était un peu sans gêne - et peut-être un peu imprudent aussi, surtout pour elle ; Heiko aurait pu être un dangereux psychopathe ou un cannibale, qui sait ?
- Si tu ne ronfles pas, ça ne devrait pas poser de problème. lâcha-t-il avec un léger sourire.
Il s'effaça pour laisser la jeune femme entrer.
- Tu veux boire quelque chose ? lui demanda-t-il d'une voix douce.
- Tu as de l'alcool ?
Heiko haussa à nouveau les sourcils, un peu décontenancé par l'attitude de la jeune femme. Il se contenta de hocher la tête en signe d'approbation.
- Alors je veux bien quelque chose de... fort. lança la jeune femme dans un sourire en retirant son manteau.
Heiko cilla avant de se diriger vers l'armoire où il stockait quelques bouteilles qui devaient traîner là depuis des mois. Il sortit une bouteille de Whisky et en versa dans un verre. Il se retourna et sa voisine était déjà confortablement installée dans le sofa. Il déposa le verre devant elle, sur la table basse.
- Au fait... Je ne suis plus certain de ton prénom exact... commença Heiko.
- Annabelle. répondit-elle instantanément, buvant une première gorgée de son verre, sans broncher.
Heiko l'observa un moment, immobile, ce qu'Annabelle remarqua aussitôt.
- Bah me dévisage pas comme ça. Viens t'asseoir à côté de moi. souffla-t-elle avec un sourire moqueur en tapotant sur la place laissée libre à côté d'elle. Heiko s'exécuta, complètement paumé à côté d'une fille comme Annabelle.
La jeune femme posa son regard sur l'écran de la télévision et regarda un moment le programme qui y était diffusé. Elle soupira.
- Tu ne fais pas ça chaque soir, rassure-moi ?
Heiko haussa les épaules et bifurqua aussitôt sur un autre sujet.
- Pourquoi ton appartement est-il... inaccessible ?
Annabelle leva les yeux au ciel.
- En fait, j'habite avec ma meilleure amie dans l'appartement ici, à côté. Et là, elle a ramené un gars... Et dans notre "règlement", quand l'une d'entre nous ramène quelqu'un à l'appart, l'autre doit aller dormir ailleurs. Sauf que là... j'ai pas été prévenue, j'ai pas prévu le coup.
- Oh, je vois... souffla Heiko.
- Ta vie n'a pas l'air très amusante, Heiko... Un peu de Whisky pour l'égayer ? susurra Annabelle sur un ton provocateur.
Heiko déglutit et s'enfonça un peu plus dans son siège, mal à l'aise. Il commençait à se dire qu'il n'aurait peut-être pas dû lui ouvrir la porte.
- Eh bien... Je ne tiens pas l'alcool, ce n'est sûrement pas une bon...
- Mais si, justement, ce sera drôle ! Alleeeez, juste quelques gorgées.
- Et tu vas attendre que je me sois assoupi pour dévaliser mon appartement, c'est ça ?
- Peut-être... souffla-t-elle, un sourire en coin se dessinant sur ses lèvres. Alleeez, Heiko, je suis sûre que tu n'es pas toujours aussi ennuyeux.
Heiko haussa les sourcils. Ennuyeux..? C'était le premier adjectif qui lui venait à l'esprit lorsqu'elle le voyait. Il posa ses yeux sur le verre de Whisky, l'arracha des mains d'Annabelle et le vida d'une seule traite. Un sourire taquin et satisfait à la fois se dessina sur les lèvres de la jeune femme.
- On dirait que j'ai touché un point sensible... souffla-t-elle.
- Tu es toujours aussi sans gêne ? lâcha Heiko quelque peu irrité.
- Ça te met mal à l'aise ?
- Non, ça m'énerve.
- Ah oui ? Et tu comptes faire quoi ?
Heiko serra les mâchoires et resta silencieux quelques secondes. Il fixait méchamment Annabelle et ça semblait plutôt l'amuser. Sans trop savoir pourquoi, Heiko avança son visage vers celui de la jeune femme et posa brutalement ses lèvres sur les siennes. Annabelle recula aussitôt et giffla le jeune homme.
- Mais ça va pas, ou quoi ?! s'écria-t-elle en dévisageant Heiko avec dédain.
Annabelle le fixa un moment, muette, puis s'élança à son tour sur lui pour lui rendre son baiser, sans trop savoir pourquoi non plus. Sans doute parce qu'elle en avait envie.

NUUK, 2010.
Heiko referma la porte derrière lui, suivant Annabelle du regard. La jeune femme titubait, les yeux perdus dans le vide. Elle s'approcha du sofa, vacilla un instant et se laissa tomber lourdement en avant. Heiko s'approcha doucement d'elle.
- Ça va..? lui demanda-t-il.
- À ton avis... marmonna-t-elle, la voix étouffée par le sofa.
Heiko soupira et vint s'asseoir à côté d'elle.
- Je peux faire quelque chose pour te remonter le moral ?
- M'apporter une corde..?
- Dis pas ça !
- Très bien. Apporte-moi un énorme pot de glace alors.
Heiko se leva et disparut quelques instants dans la cuisine. Lorsqu'il revint au salon, Annabelle s'était redressée. Désormais, elle était assise dans le sofa, les genoux collés contre le coussin qu'elle pressait nerveusement contre sa poitrine. Ses yeux s'étaient bordés de larmes et elle se pinçait les lèvres, comme pour réprimer un sanglot. Heiko soupira et s'avança doucement vers elle. La jeune femme avait le regard dans le vide. Elle l'ignora complètement. Heiko posa ses fesses à côté d'elle et lui tendit le pot de glace.
- J'en veux plus... marmonna-t-elle.
Heiko posa le pot de glace sur la table basse.
- Tu veux en parler..?  lui demanda-t-il.
- Pour dire quoi ?
- Tout ce qui te passe par la tête, si ça peut t'aider...
Annabelle renifla bruyamment. Un rictus de gêne déforma son visage. Elle n'avait jamais pleuré devant Heiko. Elle n'avait jamais pleuré devant personne. Elle craquait et elle ne savait pas comment gérer ça. La tristesse la submergea d'un seul coup et elle ne fut plus capable de retenir ses larmes. Annabelle s'effondra, littéralement, comme un château de cartes soufflé par un courant d'air. Elle se laissa tomber dans les bras de Heiko et son corps fut secoué de sanglots irrépressibles. Le jeune homme glissa ses doigts dans les longs cheveux emmêlés d'Annabelle, désemparé devant sa tristesse.
- Pourquoi... Pourquoi ça m'arrive à moi..? À nous..? Qu'est-ce que j'ai fait..?
Heiko soupira.
- Rien, Annabelle, tu n'as rien fait...
La jeune femme sanglota de plus belle. Cette fois, elle ne sembla plus trouver la force de relever la tête ou de prononcer le moindre mot. Annabelle ne pourrait jamais avoir d'enfant. On ne pouvait pas lui annoncer de nouvelles plus terribles. Et elle n'était pas certaine de pouvoir l'encaisser.

NUUK, 2012.
- Tu manges pas ?
- J'ai pas faim.
Annabelle posa ses couverts dans son assiette et croisa les bras contre sa poitrine, détournant le regard. Heiko l'imita. Il sentait la dispute venir.
- Bon, vas-y, crache ton venin. Qu'est-ce que j'ai encore fait aujourd'hui ? siffla-t-il.
- Ne te fais pas passer pour la victime, Heiko. cracha Annabelle en plantant son regard noir dans les yeux de son mari. Tu es tout sauf une victime.
- Oh oui, pardon, j'avais oublié que tu devais être la seule à porter le titre de martyr officiel dans cette maison. rétorqua Heiko du tac au tac.
La main d'Annabelle s'éleva et atterrit violemment sur la joue de Heiko, au point de lui laisser une imposante empreinte rouge sur la peau. Le jeune homme eut le souffle coupé par la brutalité du choc. C'était la première fois qu'Annabelle levait la main sur lui. Même hors de ses gonds, elle ne l'avait jamais giflé.
- Figure-toi que j'ai reçu un coup de fil de Bailey aujourd'hui. lança la jeune femme, les mains appuyées sur la table de la cuisine et un sourire satisfait accroché aux lèvres.
Heiko, lui, déglutit. Il devinait à moitié ce que Bailey avait bien pu raconter à sa femme et il appréhendait sa réaction.
- Elle m'a tout dit, Heiko. Absolument tout. Tout ce que tu n'as jamais eu le cran de m'avouer, elle me l'a dit !
Plus la mâchoire d'Annabelle se serrait, plus les larmes lui montaient aux yeux. Son visage était déformé par une grimace de douleur, de colère ou de tristesse. Heiko tenta d'éviter son regard mais le malaise qui le submergea alors n'avait aucunement l'intention de lui laisser ne serait-ce qu'un instant de répit.
- Regarde-moi ! hurla-t-elle.
Heiko sursauta. Annabelle avait manqué de lui exploser le tympan. Il tourna la tête vers elle, presque plus en colère d'avoir été pris la main dans le sac plutôt que honteux.
- Pourquoi tu as fait ça, Heiko, hein ? Pourquoi tu as couché avec elle ? Avec ma meilleure amie, merde ! Pourquoi tu me fais ça à moi ?!
Heiko se leva de sa chaise et la repoussa sous la table. Il fit un pas en arrière, comme s'il craignait de se prendre une nouvelle claque.
- C'était... J'étais... Il n'y a plus rien, entre nous, Anna. Autrefois, on s'aimait mais à présent, on est plus que des colocataires.
- Parle pour toi... J'aurais préféré que tu me quittes plutôt que tu m'imposes ça...
- Anna...
- Non, tais-toi ! Laisse-moi tranquille...
La jeune femme tourna les talons et alla s'enfermer dans leur chambre. Elle passa une partie de la nuit à sangloter, seule, serrant compulsivement son oreiller contre sa poitrine. Heiko, lui, dût se contenter du sofa. Le lendemain matin, c'est comme si rien ne s'était passé. Heiko aurait presque préféré qu'elle fasse ses valises et qu'elle s'en aille définitivement car lui n'en aurait jamais la force. Anna avait raison dans le fond, et il le savait : il était lâche.

     

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